Monday, April 29, 2024





20h10 ▪
7
min de lecture ▪ par
Luc Jose A.

Faut-il ou non mettre en place une monnaie commune des BRICS ? Très clairement, certains membres de cette organisation d’Etats sont favorables à l’idée. La Russie par exemple a clairement affiché qu’elle n’était pas contre l’anéantissement de tous les emblèmes de la puissance occidentale, dont le dollar. Pour l’essentiel, réaliser un tel objectif implique pour le groupe de pays de battre sa propre monnaie. Et jusqu’ici, malgré les déclarations et les spéculations, cette possibilité ne semble pas vraiment faire l’unanimité. Un pays comme l’Inde n’a pas encore clairement affiché sa position. Toutefois, le pays semble s’y intéresser de près. Qu’est-ce que cela implique ? Voyons cela ensemble dans cet article.

Drapeaux des pays BRICS qui envisagent de créer une monnaie commune pour se débarrasser du dollar

Ce qu’on sait des enjeux monétaires des BRICS

Avant de parler du développement récent impliquant l’Inde sur la question monétaire des BRICS, un tour de l’engagement des Etats concernés autour de ce sujet s’impose. À ce sujet, certains faits sont établis au-delà des spéculations. On sait par exemple que les BRICS veulent mettre fin à l’hégémonie occidentale dictée depuis plusieurs années par plusieurs moyens. Le dollar et le système du pétrodollar sont l’une des manifestations de cette puissance. Tout comme le réseau interbancaire SWIFT, contrôlé par des banques occidentales et utilisé comme moyen de pression sur des États jugés voyous.

L’un des signes manifestes de cette hégémonie occidentale, c’est aussi les dérives autoritaires qui en découlent. Ce, avec pour conséquence, aujourd’hui, une bipolarisation du monde. En s’élargissant le 1er janvier 2024, à la suite du sommet annuel de l’organisation, le groupe de pays a réitéré sa vision. À savoir, grosso modo, promouvoir un monde plus juste pour tous les Etats, ce dans les domaines, à commencer par l’économie.

À ce propos, quelques chiffres clés sont intéressants. Les BRICS+, comprenant outre les membres fondateurs, l’Iran, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis, représentent un poids démographique et économique majeur. Les BRICS+, c’est 46 % de la population mondiale, soit près de la moitié des habitants de la planète. Ce, pour une part dans le PIB mondial de 35,6 %. Tout ceci, c’est du flan, sans une puissance monétaire conséquente.

Alors que les membres des BRICS multiplient les initiatives stratégiques pour renforcer leur monnaie locale, l’ambition monétaire globale de l’organisation semble quelque peu fragilisée. Ceci par défaut d’union. Une division potentiellement entretenue par le fait qu’un pays comme la Chine qui pèse à lui seul 52 % du PIB des BRICS+ est soupçonné de velléité d’hégémonie. Notamment, au détriment d’un pays comme l’Inde qui ne semble pas vouloir renoncer à sa souveraineté monétaire au profit d’une monnaie communautaire. Ceci expliquerait pourquoi le pays, comme l’Afrique du Sud, ne s’exprime pas presque sur la question d’une monnaie commune comme le fait la Russie. Ce qui a par ailleurs poussé l’Iran, récent adhérent à l’organisation, a appelé ses partenaires des BRICS+ à accélérer le processus de création d’une monnaie commune.

Un semblant de revirement de l’Inde ?

Récemment, l’Inde a entamé un examen approfondi du potentiel d’une nouvelle monnaie dans le cadre des BRICS. Selon les informations, le pays aurait émis une directive à l’endroit d’un consortium d’analystes financiers et de groupes de réflexion. Sa mission, étudier la viabilité et les implications d’une telle monnaie pour le pays, on s’imagine. Un moyen, semble-t-il, de susciter une discussion sur la position de l’Inde à l’égard de la création d’une future unité monétaire des BRICS.

Selon un haut fonctionnaire indien anonyme, cette discussion devrait occuper une place prépondérante lors du prochain sommet prévu pour le mois d’octobre. L’Inde préparerait activement sa position. Son objectif étant de la présenter lors du 16e sommet des BRICS prévu dans la région de Kazan, en Russie.

On sait que ce dernier, qui fait face aux sanctions économiques américaines, a clairement exprimé son intérêt pour l’établissement d’une monnaie BRICS. Dans la poursuite de cet objectif, la Russie chercherait à engager des discussions de fond avec l’Inde, soulignant la nécessité de renouveler le dialogue sur cette question.

L’Inde va-t-elle accepter les appels du pied de la Russie ?

Jusqu’ici, la position de l’Inde sur l’adoption de la nouvelle monnaie des BRICS reste floue. Les autorités devant encore lancer une étude sur ses implications potentielles, il faudra au moins six mois pour saisir les nuances de la position indienne sur le sujet. Les autorités semblent avancer à pas mesurés, ce qui est conforme à la nature d’« animal géopolitique » de l’Inde.

Quoi qu’il en soit, les délibérations autour d’une potentielle nouvelle monnaie des BRICS devraient rester secrètes jusqu’au prochain sommet de l’organisation. Le mystère qui entoure la position de l’Inde favorisera d’ici là une spéculation quant à savoir si le pays va finalement adopter ou rejeter cette option.

Ce qui est certain, c’est que le prochain sommet des BRICS promet des révélations qui pourraient bouleverser le paysage financier global. La décision de l’Inde semblant avoir une influence significative sur l’adoption ou non de cette monnaie commune.

Autre grande certitude qu’il convient de rappeler, c’est que la question monétaire est une question de souveraineté. Ceci étant, elle nécessite des arbitrages qui ne sont pas si évidents à trouver pour les pays concernés. Pour ce qui est des BRICS, il faudra impérativement les trouver, quelles que soient les options, en or ou en crypto, évoquées jusqu’ici. Autrement, la pertinence économique et financière des BRICS, dont doutent les Américains d’ailleurs, pourrait en pâtir.

Conclusion

Pour conclure, il faut retenir que l’intérêt croissant de l’Inde pour une monnaie commune des BRICS soulève des questions importantes concernant le futur de cette initiative. Certes, la Russie pousse en faveur de cette devise. Mais le pays semble maintenir une position prudente conformément à ses intérêts géopolitiques. Ce qui est sûr, c’est que les délibérations à venir seront cruciales. D’autant plus que la décision de l’Inde pourrait influencer l’adoption ou le rejet de cette monnaie commune. En tout état de cause, la question monétaire demeure un enjeu de souveraineté pour les BRICS. 

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Luc Jose A.

Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d’une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j’ai rejoint l’aventure Cointribune en 2019.
Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l’économie, j’ai pris l’engagement de sensibiliser et d’informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu’elle offre. Je m’efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l’actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.

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