Pourriez-vous nous décrire les origines du projet « Massa » ? Comment trois jeunes scientifiques ont-ils collaboré pour envisager le futur de la blockchain ?
Ma fascination pour la technologie blockchain a débuté en 2017, captivé par ses promesses de décentralisation. Depuis l’avènement de Bitcoin, il est devenu possible de créer une monnaie entre pairs, et bien plus encore, grâce à des règles codifiées directement dans le code source.
Au fur et à mesure de mon exploration de cette technologie, j’ai identifié un défi technique majeur : obtenir un consensus rapide sur des données sans autorité centrale. Cette décentralisation, bien que bénéfique, tend à diminuer les performances du réseau et à augmenter les frais de transactions. Toutefois, loin d’être découragé, ce constat m’a plutôt motivé à améliorer la technologie existante.
Les premiers pas vers cette amélioration ont été esquissés sous forme de croquis, suivis rapidement par un prototype fonctionnel. J’ai ensuite partagé cette ébauche avec Damir, un ami rencontré lors de ma classe préparatoire à Marseille. Ensemble, nous avons raffiné l’idée, enrichissant le concept initial. Peu après, Adrien, un ami du laboratoire INRIA où je rédigeais ma thèse et lui effectuait son post-doctorat, nous a rejoints. Son apport a permis de pousser l’idée encore plus loin, affinant la technologie jusqu’à ce qu’elle soit prête pour un lancement commercial.
En 2020, forts de ces années de développement et de collaborations enrichissantes, nous avons fondé Massa Labs. Notre objectif était clair : révolutionner le domaine de la blockchain en optimisant les performances tout en conservant les principes de décentralisation. Voilà comment, à partir d’une simple curiosité et de nombreux efforts collaboratifs, le projet Massa a vu le jour.
Massa, une nouvelle blockchain de Layer 1, encore un espoir déchu à l’image d’Ethereum et ses frais exorbitants ou Solana et ses bugs à répétition, ou une réelle avancée technologique pour les utilisateurs ?
Massa se distingue nettement des autres blockchains de première couche par son approche novatrice et efficace. Contrairement aux plateformes telles qu’Ethereum, avec ses frais de transaction parfois prohibitifs, ou Solana, qui a rencontré des problèmes de stabilité, Massa propose une avancée technologique tangible pour les utilisateurs.
Notre architecture unique repose sur la technologie de blocs parallèles, qui nous permet d’atteindre un niveau de transactions par seconde inégalé dans un réseau totalement décentralisé. À ce jour, plusieurs milliers de nœuds participent activement au consensus et garantissent une capacité élevée et une sécurité renforcée sans compromettre la décentralisation.
Cette configuration contraste fortement avec d’autres blockchains où soit les performances sont limitées, engendrant des frais élevés comme dans le cas de Bitcoin et Ethereum, soit un nombre restreint de nœuds participe à la création des blocs, comme pour Binance Smart Chain (BSC), Polkadot ou Hedera, limitant ainsi leur décentralisation.
Depuis le lancement de notre mainnet en janvier 2024, entre 1500 et 2000 nœuds créent des blocs chaque jour, faisant de Massa la blockchain au lancement le plus décentralisé à ce jour. De plus, nous avons introduit des innovations telles que les « autonomous smart contracts » et le « web décentralisé on-chain ». Ces développements ciblent directement les défis actuels du secteur et offrent des solutions robustes aux utilisateurs, les rendant non seulement performants, mais également plus autonomes et intégrés au sein de la blockchain.
La mission de Massa : Un web décentralisé, mais qu’est-ce que ça signifie ?
La mission de Massa est de redéfinir l’approche du web décentralisé, mais que signifie réellement ce terme ? Actuellement, de nombreuses applications décentralisées (dapps) sur la blockchain prétendent être décentralisées car elles fonctionnent grâce à des smart contracts pour leur logique de back-end. Prenons l’exemple d’Uniswap, une plateforme d’échange de cryptomonnaies qui opère via des smart contracts sur Ethereum, par opposition à Binance, un échange centralisé utilisant des serveurs classiques. Cependant, ces plateformes, bien qu’elles utilisent des smart contracts, possèdent des interfaces utilisateur (frontends) centralisées, telles que app.uniswap.org pour Uniswap et binance.com pour Binance.
Récemment, nous avons observé plusieurs incidents de piratage sur les sites de ces dapps, par exemple Curve Finance, Balancer, et le cas de BadgerDAO où environ 120 millions de dollars ont été dérobés. Dans ces situations, les utilisateurs étaient dirigés vers un site web compromis qui siphonnait les fonds des portefeuilles au lieu de transmettre les transactions aux smart contracts. Il y a également eu des incidents de censure, comme avec les NFT sur OpenSea. Ainsi, les utilisateurs de ces sites web ne bénéficient pas pleinement des avantages de la blockchain, à savoir la sécurité renforcée contre les attaques et la censure, garantie par un code source vérifiable et immuable.
Pour combler cette lacune, Massa développe un DNS décentralisé qui permettra aux développeurs de choisir un nom de domaine directement sur la blockchain, avec l’extension “.massa”, et d’y associer directement le code source de leur site web, tel que du JavaScript, hébergé également sur la blockchain. Ainsi, les utilisateurs pourront accéder aux sites web des dapps directement depuis la blockchain Massa, sans jamais passer par un intermédiaire web 2.0. Ce système améliore substantiellement la sécurité des applications en assurant que les frontends ne peuvent être ni modifiés ni censurés sans que les utilisateurs en soient informés. Cette innovation marque un pas significatif vers un véritable web décentralisé, où la sécurité et la transparence sont au cœur de l’expérience utilisateur.
L’innovation des “contrats intelligents autonomes” ? En quoi ça consiste exactement ?
Les « contrats intelligents autonomes » de Massa représentent une avancée significative dans le domaine de la blockchain. Comme avec Ethereum, les contrats intelligents nécessitent une interaction externe pour être activés, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas exécuter de code de manière autonome sans être sollicités par une action externe. Cette dépendance limite leur efficacité, car les contrats doivent souvent être déclenchés manuellement par des utilisateurs ou automatisés par des scripts sur des serveurs externes, introduisant ainsi des points de vulnérabilité potentiels susceptibles d’erreurs ou d’attaques.
Massa transforme ce modèle en introduisant des contrats intelligents qui peuvent être programmés pour s’activer sous certaines conditions prédéfinies, sans intervention extérieure. Par exemple, un contrat intelligent autonome sur Massa peut être configuré pour exécuter automatiquement une fonction spécifique à intervalles réguliers, comme un ordinateur qui effectuerait des tâches programmées. Cette autonomie offre une manière plus intuitive et sécurisée de développer des applications décentralisées, réduisant la dépendance aux serveurs externes et éliminant les risques associés.
En résumé, si Bitcoin peut être considéré comme un serveur de stockage décentralisé et Ethereum comme une plateforme permettant des calculs en réponse à des interactions externes, Massa représente l’évolution vers un véritable serveur web 3.0. Il combine les fonctionnalités des serveurs web traditionnels avec des calculs autonomes et une infrastructure entièrement décentralisée et sécurisée, définissant ainsi une nouvelle norme pour les applications et les services décentralisés.
Quels sont les développements récents et les initiatives futures prévus pour le projet Massa ? Comment ces avancées vont-elles influencer l’écosystème et les opportunités pour les participants et les développeurs ?
Après des débuts réussis avec le listing sur Bitget et Mexc le 15 avril, Massa a établi un pont (bridge) avec Ethereum, facilitant ainsi le transfert de tokens entre les deux blockchains. Ce développement a été suivi par le listing de plusieurs tokens sur Dusa, le premier DEX (Decentralized Exchange) de Massa. Ces initiatives montrent que l’écosystème de Massa s’élargit rapidement.
Actuellement, il existe des incitations attrayantes pour ceux intéressés par le staking sur la couche 1 de Massa, ainsi que pour ceux qui souhaitent fournir de la liquidité sur Dusa, avec des taux de rendement annuel (APR) dépassant 100 %. Ces opportunités sont une aubaine pour les investisseurs et les participants de l’écosystème.
Le programme de subventions de la Fondation Massa attire un large éventail de projets, allant de la DeFi aux NFT, en passant par les jeux, les outils et le monitoring. La fondation encourage également la communauté à soumettre ses propres projets et propose régulièrement de nouvelles récompenses pour stimuler l’innovation.
Dans un avenir plus lointain, Massa prévoit d’intégrer d’autres plateformes d’échange et de déployer son concept de web décentralisé. Des améliorations sont également prévues pour les contrats intelligents autonomes. De plus, la gouvernance du projet sera progressivement décentralisée pour impliquer davantage la communauté.
Un partenariat notable avec Starknet est en cours, ce qui souligne l’engagement de Massa à collaborer avec d’autres leaders technologiques pour renforcer son infrastructure et étendre son influence.
Avec l’introduction de concepts révolutionnaires tels que les contrats intelligents autonomes et le web décentralisé, Massa aborde frontalement les problématiques de sécurité et de décentralisation qui entravent souvent les technologies de blockchain traditionnelles. Leur vision pour un écosystème où les opérations sont à la fois transparentes et sécurisées pourrait bien établir de nouvelles normes dans le domaine.
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