Saturday, July 6, 2024





8h00 ▪
7
min de lecture ▪ par
Nicolas T.

Le cirque des inscriptions (ordinals, stamps, rune…) s’estompe, mais les dégâts sont déjà importants. Retour sur cette nuisance qui ruine la décentralisation du bitcoin.

bitcoin

Cours de rattrapage sur les inscriptions

Les inscriptions sont des données (un fichier .jpeg par exemple) qui squattent à l’intérieur des transactions bitcoin.

Il y a par exemple les inscriptions liées à ce que l’on appelle un ordinal, c’est-à-dire un « satoshi unique ». Le terme ordinal provient de l’expression « ordinal theory » qui fait référence à la méthodologie permettant de cartographier ces satoshis via une numérotation virtuelle.

Cette numérotation sert à suivre les satoshis d’une transaction à l’autre pour savoir qui en a la propriété. Ce suivi se fait grâce à un logiciel totalement étranger au protocole bitcoin. Tout repose sur l’explorateur ordinal.

Dit autrement, la donnée (jpeg/inscription) n’est pas du tout transférée d’une transaction à l’autre, comme on l’imagine parfois. L’inscription reste liée à la même transaction (txid) originelle à l’intérieur d’un même bloc.

Comment ça marche techniquement ?

Il faut d’abord expliquer deux choses :

Premièrement, recevoir une transaction bitcoin signifie recevoir un « utxo ». Il s’agit d’un bout de code (un script) qui lie mathématiquement une quantité de bitcoins à une adresse bitcoin (clé publique).

Deuxièmement, la mécanique des transactions en bitcoin repose sur un langage d’exécution informatique appelé « script ». Il s’agit d’un langage très simple qui comporte un nombre très limité d’instructions.

Ces instructions sont appelées des opcodes. Voyez-les comme des petits rouages numériques. Le plus fondamental est OP_CHECKSIG. Cet opcode vérifie que la signature fournie dans la transaction correspond bien à l’adresse bitcoin en question.

Les inscriptions (fichiers txt, jpeg…) s’insèrent dans des utxo de type P2TR et P2WPKH. Elles utilisent pour se faire 3 opcodes : OP_FALSE, OP_IF et OP_PUSH.

La combinaison de ces opcodes fait que rien ne s’exécute vraiment au moment de la transaction. Cependant, les données contenues dans OP_IF sont conservées pour toujours dans la blockchain.

Et voilà.

Quel est le problème pour bitcoin ?

De nombreux intrigants utilisent cette faille pour pilonner la pierre angulaire de l’édifice bitcoin : sa décentralisation.

Quand on y réfléchit bien, les ordinals transforment les transactions en jetons de casino qui attirent les nombreux cryptaccrocs aux pump & dump qui financent cette attaque sans s’en rendre compte.

Si bien que l’argument selon lequel les frais de transaction font loi ne tient plus la route. D’autant plus que personne ne paie les nœuds pour stocker cette donnée.

Cette attaque a malheureusement la bénédiction des pools et des mineurs qui ferment les yeux en raison des juteux frais de transaction. Ou comment retourner le principe d’incitation financière contre le bitcoin…

Le problème étant que ces dizaines de millions d’inscriptions alourdissent la blockchain. Certains avanceront que les ordinals peuvent être élagués.

[Les ordinals sont logés dans la section « witness » d’une transaction que les nœuds légers peuvent élaguer sans que cela les empêche de participer à la validation des blocs.]

Certes, mais les nœuds complets (Full node) sont obligés de les garder en mémoire. Or, nous aurons de mauvaises surprises si le nombre de nœuds complets s’amenuise trop par rapport au reste (pruned nodes).

Voici l’explication pour les anglophones :

Un autre problème plus pressant encore est lié au protocole d’inscriptions stamps.

Bitcoin STAMPS

Les ordinals peuvent être élagués via un processus appelé « pruning », mais ce n’est pas possible dans le cas du protocole stamps.

Les données se font cette fois-ci passer pour des clés publiques à l’intérieur de plusieurs utxo multisig.

[Un utxo « multisig » signifie que plusieurs clés publiques sont utilisées pour le construire.]

Un fichier jpeg volumineux se traduira par la création de nombreux utxo. Il en résulte depuis un an une explosion phénoménale du nombre total d’utxo. Ils ont plus que doublé en l’espace d’un an seulement. Il y en a désormais plus de 230 millions.

La conséquence inattendue est un allongement monstre du temps nécessaire pour installer un nœud. Les derniers tests réalisés par le fondateur de la pool Ocean sont sans appel :

« En 2022, je pouvais installer un nœud en moins de 48 heures avec un simple Raspberry Pi 4. J’utilise désormais un Raspberry Pi 5 dont le processeur est deux fois plus puissant. Et malgré ça, le processus a pris plus de 100 heures au lieu de 48 heures ! ».

« La situation est bien pire qu’auparavant. C’est une différence de plusieurs ordres de grandeur. Ce n’est pas du FUD. Plus nous fermons les yeux [sur les inscriptions] et plus nous accélérons la centralisation du réseau bitcoin. »

A ce rythme, il faudra 24 jours pour installer son nœud d’ici une décennie à peine. Où allons-nous ?…

La « bonne » manière de faire

Nombreux sont ceux qui estiment qu’aucune donnée arbitraire ne devrait se retrouver dans la blockchain.

Cependant, certaines inscriptions sont tolérées si faites de manière intelligente. C’est-à-dire sans impact négatif sur la décentralisation du bitcoin. Ces inscriptions utilisent un opcode spécialement créé à cet effet : OP_RETURN.

OP_RETURN fut créé en 2014 pour offrir une alternative aux techniques plus nocives d’insertion de données arbitraires. Soit dit en passant, stamps n’est qu’une copie conforme du protocole counterparty qui déboucha justement sur la création d’OP_RETURN.

OP_RETURN offre un espace limité de 83 octets par transaction, soit de quoi entrer un hash SHA-256 (32 octets) ainsi qu’une balise d’identification. Les utxo créés sont spéciaux en ça qu’ils ne peuvent pas être dépensés. Les nœuds légers n’ont donc pas besoin de les garder en mémoire et les élaguent donc.

Tout cela pour dire que les inscriptions ne sont pas un problème lointain. Doubler le temps nécessaire à l’installation d’un nœud en moins d’un an devrait provoquer une levée de boucliers.

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Nicolas T.

Reporting on Bitcoin, “the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy”.

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Les propos et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d’investissement.





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